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ANNE SILA
IL EST TARD
(DECCA/UNIVERSAL MUSIC)
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Pur Talent!
Il est des voix capables de tout, agiles dans tous les styles. Anne Sila pourrait se frotter au jazz, à l'électro, à des rythmes world, à une chanson plus traditionnelle, en anglais, en français, ou en mille
autres langues.
Mais quand on est capable de tout… il faut être capable de faire des choix. Et cette fois-ci, Anne a choisi. Sur ce 2e album "Fruit défendu", elle propose une couleur chanson-pop, avec des textes en français qu'elle a écrits (ou co-écrits). On pourrait lui rêver une famille artistique, avec d'autres filles de sa génération. Mais Anne veut exercer sa plume, c'est un challenge. C'est l'obligation de s'exposer, toute entière, sans diversions, de ses facettes les plus graves aux plus légères.
Elle nous parle d'amour(s), avec cette désarmante sincérité des filles de sa génération. Le "Fruit défendu" n'est pas confit, ni noyé de sirop. Même les belles balades de l'album évitent toute mièvrerie. Car sous la douceur de l'interprétation, on sent toujours la braise rougeoyer, l'intensité sous-jacente. Anne dit le flirt à peine effleuré, la résonance d'une rupture, le moment où l'on s'attache, les humeurs joueuses… Presque tout est vécu. Sauf le clin d'œil "1-2-3", un exercice de style aux couleurs bublblegum, et "Te montrer les couleurs", inspirée par des ami€s proches.
Anne est-elle une grande amoureuse ? Même si elle n'ose pas le formuler en ces termes, on sent bien que la réponse est oui. Elle dit qu'elle aime bien l'incertain, les instants captés avant qu'ils ne passent à la trappe, les turbulences aussi parfois, le subtil déséquilibre qui peut porter une relation. Amoureuse de l'amour, oui, sans l'ombre d'un doute.
Côté son, on est clairement dans un langage électro-pop contemporain, avec des mixes spacieux. "La ligne d'arrivée" définit bien le style, à la fois pop et dépouillé, avec une voix très proche et pure, et une dentelle de beats mixée loin devant le reste. C'est chic et suave, ça n'agresse jamais. Sur certains couplets, le phrasé se rapproche d'un flow, tout en restant timbré. Ça ne "déchante" pas, comme dit Anne. Et sur certains refrains, on s'envole avec elle ("Ton nom", "Tout contre moi"). Partout, la séduction est immédiate, pas besoin de codes d'accès.
Cette alchimie, Anne l'a initiée sur ses maquettes maison. Toutes ses musiques ont d'abord été travaillées en mode piano-voix, pur et dur, elles se devaient d'être solides avant l'étape arrangements. Elle a ensuite trouvé le son dans quelques studios divers, pour enfin la magnifier du côté de Londres, aux célébrissimes studios Abbey Road avec le producteur-arrangeur Rhys B. Downing (cf. Mark Ronson, A$AP Rocky, Vanishing Twin…)
Il fallait une osmose, une complicité. Anne n'aurait pas pu laisser les clefs et revenir poser ses voix. Elle veut du partage, du respect pour ses idées, et l'échange qui fait progresser.
Il y eut d'abord 20 chansons, puis 17, puis 14, puis enfin 11. Pas toujours facile de couper, de laisser de côté des chansons. Mais elles peuvent vivre plus tard, qui sait… Anne n'a pas dit son dernier mot, ni chanté sa dernière note. On s'autorise à penser qu'il y a encore mille fruits à venir, sur l'arbre qui porte ce "Fruit Défendu".